Un mois avec le Poco F7 Ultra
Dévoilé le 27 mars dernier, le Poco F7 Ultra est un smartphone qui brouille les pistes. Du milieu de gamme qui veut jouer dans la cour des grands. Et qui y parvient, à quelques détails près.

Petit préambule : comme vous le savez, je parle de pop culture sur ce site, mais j’aime aussi la technologie. C’est d’ailleurs mon taf principal (notamment pour la RTBF). Et comme j’ai envie d’aborder ici tous les sujets qui me passionnent, je ne me refuse pas quelques articles sur des smartphones, des consoles, ou tout autres gadgets tech qui passent entre mes mains.
Cependant, ne vous attendez pas à des tests poussés, qui ne sont à mon sens que des analyses de fiches techniques. Je n’ai rien contre, mais j’estime que d’autres le font bien mieux que moi, et surtout, qu’on parle trop peu souvent du ressenti que procure un smartphone ou un gadget; et à quoi ressemble son utilisation au quotidien.
Voilà pourquoi cet article sur le nouveau Poco F7 Ultra arrive "en retard", par rapport aux reviewers et journalistes traditionnels, qui sautent logiquement sur la balle dès la sortie. Et pourquoi il n’y aura pas (ou peu) de détails purement techniques, ni de test/comparatif photo.
Attends, avant d’aller plus loin, c’est quoi, Poco ?
Poco est une sous-marque du chinois Xiaomi, qui a vu le jour en 2018. Connu pour proposer des smartphones Redmi rebrandés (une autre sous-marque de Xiaomi), Poco s’est depuis spécialisé dans les smartphones à destination des gamers. Avec, comme ambition, de proposer des appareils dédiés aux jeux vidéo, à des prix plus abordables que la concurrence (comme les ROG Phone d’ASUS, dont les prix avoisinent souvent les 1000 euros).
Aujourd’hui, Poco voit un peu plus grand, et pousse la série Poco F plus loin. Pour faire simple, on est sur du milieu de gamme premium.
Ok, mais t’es pas un fan d’Apple toi, à la base ?
Fan est un bien grand mot. Disons qu’iOS et macOS me parlent plus qu’Android et Windows (beaucoup plus, pour être tout à fait honnête). Mais j’ai déjà testé de nombreux smartphones Android au fil des années. Et si la plupart d’entre eux ont tendance à me tomber des mains (notamment les Samsung, et les récents Xiaomi), certains ont failli faire pencher la balance.
Je pense aux Pixel 9 Pro Fold et Pixel 9 Pro de Google, en ce qui concerne les modèles haut de gamme (le Fold est à 1899 euros tout de même). Au Phone (2) de Nothing, en milieu de gamme (on tourne autour de 700 euros). Ou encore au Phone (2a) de Nothing (300 euros) et au CMF Phone 1 (CMF était une sous-catégorie de Nothing, qui propose des smartphones surprenants pour moins de 250 euros), en ce qui concerne les modèles d’entrée de gamme.
Vous l’aurez compris, malgré ces quelques exemples, je n’ai toujours pas abandonné mon fidèle iPhone (que j’utilise depuis 2008, date de sortie de l’iPhone 3G). Mais je ne suis pas fermé à l’idée de quitter iOS. D’autant qu’Apple stagne un peu (beaucoup) ces dernières années. Et, si j’ai bien conscience qu’il est difficile d’innover tous les ans, je me dis que ces quatre ou cinq dernières années, je paye plus pour l’écosystème et la marque (et l’ennui poli qui va avec), que pour un véritable iPhone qui change radicalement mon quotidien.


Du coup t’es passé au Poco F7 Ultra ?
Non. Le Poco F7 Ultra n’est pas le téléphone qui me fera changer d’écosystème. Mais j’ai utilisé l’appareil au quotidien ces dernières semaines, pour plusieurs raisons.
Premièrement, le F7 Ultra est agréable à prendre en main. C’est solide, c’est loin d’être cheap, et mon modèle jaune me plaît beaucoup, et vient casser cet ennui dont je parlais concernant l’iPhone (même sensation avec les smartphones de Nothing, dont le design me plaît énormément).
Deuxièmement, l’appareil n’en fait pas des caisses. C’est un peu le gros défaut des smartphones Android, selon moi. L’écosystème étant plus ouvert qu’iOS, les constructeurs ont tendance à en faire trop. C’est la guerre aux fiches techniques kilométriques, aux blocs photos presque plus imposants que le smartphone lui-même (et cette obsession absurde de toujours vouloir prendre des photos de la lune pour prouver que le zoom est puissant), et aux fonctionnalités qui, au final, ont du mal à cohabiter.
À mes yeux, les smartphones Android sont en quelque sorte comparables à des buffets à volonté. Certes, on a l’illusion du choix. Et certains diront que, contrairement à ce que propose Apple, on en a pour notre argent. Mais quand on mélange entrée, plat, et dessert en même temps; quand la viande côtoie à la fois les légumes, les accompagnements, le poisson et la mousse au chocolat, bah j’ai tendance à trouver ça indigeste.
La bonne nouvelle, c’est que le F7 Ultra a au moins l’intelligence de faire des choix (qu’on apprécie, ou pas). Poco mise sur l’écran, le bloc photo, et la puissance de la puce Snapdragon 8 Elite. Et c’est déjà pas mal, surtout vu le prix (autour des 700 euros).
Mouais, t’es sympa parce que t’as été invité à Singapour pour découvrir le téléphone, avoue !
Là encore, non. Déjà parce qu’il n’est pas rare d’être invité à l’étranger, et parfois à l’autre bout du monde, pour découvrir un smartphone (ou tout autre produit technologique). Ça fait partie de mon taf, et c’est toujours un plaisir (et Singapour en particulier, c'était une tuerie, on va pas se mentir). Mais cela ne m’empêche en rien de garder un œil critique sur ce que les marques nous montrent.
Donc peu importe le voyage de presse, le Poco F7 Ultra reste un smartphone Android. Et certains aspects me font tiquer. Comme le nombre d’applications pré-installées. Si on prend la peine de configurer le smartphone dans les moindres détails, on parvient à masquer une majorité des défauts de la surcouche logicielle Xiaomi HyperOS. Mais "out of the box", comme un iPhone, c’est loin d’être joli.
Techniquement, le F7 Ultra montre parfois ses faiblesses, derrière un aspect qui se veut pourtant "haut de gamme." Le lecteur d’empreinte, situé sous l’écran, n’est pas fiable (je ne parle même pas de la "reconnaissance faciale", tout bonnement inutile). Le vibreur sonne "creux", et donne l’impression de tenir en main un bloc de plastique. Les haut-parleurs ne sont pas à la hauteur. Là aussi, ça sonne un peu creux, voire métallique, et ça manque de puissance. Et globalement, l’appareil à tendance à chauffer, ce qui est un peu problématique pour un smartphone "gaming."
Alors, pourquoi tu nous en parles si longuement ?
Parce que les smartphones Android que j’utilise plus que quelques jours, dans le cadre d’un test, sont rares. Selon moi, la force du Poco F7 Ultra, c’est son positionnement clair. Le constructeur annonce la couleur sans détour : voici les forces de ce modèle, et ce qu’on peut garantir techniquement pour justifier le prix de 700 euros. Le reste est accessoire.
Et c’est, à mon sens, une tendance qui mériterait de se généraliser. Face à Apple, la tactique de Samsung (et de nombreux autres constructeurs) a toujours été de vouloir en faire plus, pour ne pas dire trop. Ou de copier maladroitement des fonctionnalités popularisées par la firme de Cupertino (vous remarquerez que j’ai dit "popularisées", et non pas "inventées", du coup calmos les pro-Android / anti-Apple).
Alors qu’en se positionnant dans un créneau clair, il serait plus simple d’attirer les consommateurs. Je sais que Poco n’est pas le premier constructeur à dévoiler clairement ses intentions. Comme je l’ai déjà mentionné plus haut, ce que propose Nothing est limpide. On sait à quoi s’attendre, ce dont le smartphone est capable, et en quoi ça diffère de la concurrence. Si on prend le problème à l’envers, on pourrait dire que Nothing connaît ses faiblesses, ce qui permet de mieux mettre en avant sa force. Ce qui est finalement la tactique d’Apple (oui, j’y reviens souvent, mais encore une fois, j’utilise un iPhone quotidiennement depuis 17 ans).
Voilà ce qui m’a séduit sur ce F7 Ultra. J’ai immédiatement compris comment se positionne le smartphone face à la concurrence (et face aux autres gammes Poco, voire Xiaomi). Est-ce que j’adhère à l’ensemble pour autant ? Non. Je ne suis pas gamer et je ne pense pas être la cible. Mais je souligne l’effort, et les prouesses techniques à un si petit prix (ça reste 700 euros, donc tout est relatif, mais on se comprend).

Pour résumer, ça s’adresse à qui ?
À ceux qui veulent un bon smartphone gaming pour pas trop cher, proposant d’excellentes performances (grâce au GPU VisionBoost D7) et tout ce qu’il faut pour tenir quelques années (merci la Snapdragon 8 Elite, sans compter les mises à jour d’Android promises pendant quatre ans).
À ceux qui veulent de la recharge rapide, un écran AMOLED 120 Hz, un bloc photo solide (mention spéciale au grand-angle et au téléobjectif), une autonomie digne de ce nom, une résistance à la poussière et à l’eau et même un chargeur 120 W dans la boîte (ce qui est suffisamment rare pour être souligné), sans dépasser la barre des 1000 euros.
Et plus globalement, à tous ceux qui sont à la recherche d’un smartphone Android offrant un excellent rapport qualité/prix. Fans d’iOS, passez votre chemin (sauf si vous n’avez pas encore les deux pieds dans l’écosystème de la marque à la pomme, auquel cas il est encore possible de faire marche arrière). Pareil si vous cherchez la crème de la crème en matière de smartphone et/ou de photos.
Les autres, vous pouvez foncer les yeux fermés : le F7 Ultra de Poco mérite l’appellation de "flagship killer."